Depuis le temps que je devrais être mort et enterré, incinéré, une affaire classée. Depuis le temps, je ne m'étonne plus d'avoir la vision embrouillée, chiffonnée, d'avoir la capacité d'être heureux teintée de blues. De certaines choses de la vie, j'ai depuis longtemps fait mon deuil, compose avec.
Depuis le temps, comment dire, une image... la peau noircie et boursoufflée, les dents découvertes, les yeux exorbités, les doigts crispés, le corps recroquevillé dans une position évoquant une dernière tentative de s'accrocher, crier à l'aide, une mare de sang séché, des tourbillons de mouches, des larves, la puanteur et la pourriture...une image.
Et pourtant...toujours et encore ici.
Cette image m'est venue à l'esprit, hier comme j'étais assis sur un banc au parc du coin de la rue, m'a frappé.
Des centaines et des centaines d'étourneaux avaient envahi la tête d'un arbre et chialaient tous ensemble créant un tel vacarme que le pauvre tremble avait l'air d'un dérangé mental en état de crise. Près d'une poubelle, un pigeon claudiquant picossait dans les restes d'une pêche écrasée dans la poussière. Un peu plus loin, un petit bonhomme blond, mains dans les poches de son pantalon conversait en apparence très sérieusement avec le jet d'eau d'une fontaine pendant que le vent soufflait dans ses cheveux.
Des flashes, des flashes, des journées comme ça.
Dépassé, je ne cherche plus à comprendre.
J'attends que la nuée s'envole ou qu'un conducteur perde la maîtrise de son véhicule et vienne m'emboutir à ras des racines pour clore mon dossier.
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