samedi 25 juin 2016

Pour Edmond Jabès, ce qui est tu, dans ses livres, est plus important que ce qui est dit. Et ce qui est dit n’est jamais qu’un prolongement de ce qui est tu. Le désert, du sable à l’infini, est ce rien sur lequel il édifie ses livres. Car ce qui compte, c’est d’abord le manque, l’inaccompli, la rupture, l’incertitude, le doute. Pour lui, toute réponse est insuffisante. C’est la question qui importe, et qui remet constamment tout en question. La question primordiale étant de savoir comment parler de ce qui ne peut être dit. Et à partir de là va s’écrire Le Livre des questions, aux sept volumes, comme les sept jours de la création, ou les sept sceaux qu’il faut briser, avant de pouvoir ouvrir le livre.

Être dans le livre. Figurer dans le livre des questions, en faire partie ; porter la responsabilité d’un mot ou d’une phrase, d’une strophe ou d’un chapitre. 
Pouvoir déclarer : 
«  Je suis dans le livre. Le livre est mon univers, mon pays, mon toit et mon énigme. Le livre est ma respiration et mon repos. »
Je me lève avec la page que l’on tourne, je me couche avec la page que l’on couche. 
Pouvoir répondre : «  Je suis de la race des mots avec lesquels on bâtit les demeures »…
Le monde existe parce que le livre existe.

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