dimanche 17 décembre 2017


Comment ça se passait ?

Les bombardements ont été un phénomène d'une complexité, d'une perversité extraordinaire. On peut pas comprendre collaboration et résistance si on n'a pas compris l'occupation. Être occupé, c'est être dans une situation de perversité absolue, c'est-à-dire qu'on cohabite avec les ennemis et les alliés vous tuent. Pour un môme de 10 ans – je suis né en 1932 –, il faut assimiler ça, que la proximité est ennemie et que ceux qui nous bombardent sont nos amis. Je suis un enfant de la guerre totale, de la guerre éclair, de la guerre rapide : la Blitzkrieg.

Et pendant les bombardements, vous alliez vous cacher en sous-sol, dans les caves ?

Non, jamais, au contraire. Y'avait des jardins derrière, on y allait. On avait peur d'être ensevelis. On entendait les gens hurler dans les caves, noyés par les conduits d'eau. Alors mon père avait dit : nous on y va pas. Donc on allait dans les jardins, on s'allongeait par terre.


Un long entretien avec Paul Virilio

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