mardi 4 février 2025

La destruction comme spectacle

Trump et Musk ont été qualifiés de « psychopathes » ou d’« autistes », réduisant leurs actions à des diagnostics psychiatriques. Mais cette psychologisation passe à côté de l’essentiel : ils ne sont pas des anomalies, mais les expressions les plus cohérentes d’un système économique fondé sur l’accumulation prédatrice et l’exaltation de la violence. Ils incarnent le stade suprême de la société de provocation, où la glorification de l’excès et de la haine se déroulent dans un renoncement quasi généralisé, comme si le spectacle de leurs outrances avait anesthésié toute velléité d’opposition.

Derrière les discours impérialistes et les illusions de grandeur, les États-Unis exhibent les stigmates d’une nation rongée de l’intérieur par les inégalités, le racisme, la dépression, l’itinérance, les maladies chroniques, l’incarcération de masse et la chute dramatique de l’espérance de vie. Dans un pays où le fentanyl tue une personne toutes les sept minutes, ce désespoir de masse est le produit d’un système qui sacrifie les plus vulnérables au nom de la préservation des privilèges d’une élite insatiable.

Dahlia Namian

L’autrice est sociologue et autrice de «La société de provocation: essai sur l’obscénité des riches» (Lux éditeur).

Publié le 31 janvier


Pendant que l’on contraint les migrants à errer dans des camps ou à sombrer dans la mer, des traders de bitcoin et des pirates libertariens perfectionnent l’art de la fuite et se réfugient sur leurs mégayachts, leurs îles artificielles, voire dans des fusées à l’allure phallique. Tandis que la terre brûle, Elon Musk envoie une voiture flotter dans l’espace et rêve de coloniser Mars. Alors que le prix des aliments de base ne cesse de grimper, l’industrie agroalimentaire gonfle ses profits et, à la télé, on célèbre des chefs qui transforment la cuisine paysanne en haute gastronomie. Bernés par les prestidigitations des ultrariches, nous les regardons, stupéfaits, dilapider les ressources de la planète. Dans son roman Chien blanc, Romain Gary appelle «société de provocation» cet ordre social où l’exhibitionnisme de la richesse érige en vertu la démesure et le luxe ostentatoire tout en privant une part de plus en plus large de la population des moyens de satisfaire ses besoins réels. Ce pamphlet cinglant énumère et analyse les mille façons qu’ont les ultrariches de nous nuire, et invite à rompre avec cette société de provocation. Dahlia Namian est sociologue. Elle enseigne à l’École de travail social de l’Université d’Ottawa. Ses travaux de recherche portent sur la pauvreté et l’exclusion..







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